Déclaration de Plan International et IHRDA en réponse au rapport présenté par le Rapporteur spécial sur les droits des femmes en Afrique
(Point 8) : Les droits de la jeune fille : 46ème Session Ordinaire du 11 au 25 novembre 2009, Banjul, La Gambie
Plan International et IHRDA accueillent le rapport du Rapporteur spécial sur les droits des femmes en Afrique et sa référence aux enfants, en particulier à la situation de la jeune fille sur le continent. C’est sur ce point précis que nous intervenons, en pleine connaissance que le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (Protocole de Maputo) protège la jeune fille autant que la femme adulte.
Ces dernières années, la communauté internationale a commencé à ouvrir les yeux sur la situation des filles dans nos sociétés. Le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique et l’Appel pour une action accélérée pour une Afrique digne des Enfants accordent une attention explicite à la jeune fille et des engagements ont été pris pour les filles et les jeunes femmes dans la Charte africaine de la jeunesse.
Cette année, le monde célèbre le 20e anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (CIDE), le 10e anniversaire de l’entrée en vigueur de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (CADBE), le 20e anniversaire de l’adoption de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). D’autres commémorations importantes auront lieu l’année prochaine, comme le 5e anniversaire de l’entrée en vigueur du Protocole de Maputo et le 15e anniversaire de la Déclaration de Beijing et le Programme d’action.
Cependant, malgré ces cadres juridiques et politiques protégeant la jeune fille en tant que jeune femme et enfant, les filles partout dans le monde sont toujours victimes de discrimination et de violence. Les filles et les femmes souffrent de discrimination sexiste découlant de rôles socialement construits, et de normes sociales et culturelles parfois autorisées par le droit coutumier.
La Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant est très claire lorsqu’elle dit que les coutumes, traditions, pratiques culturelles et religieuses ne peuvent pas être utilisées comme excuse pour la violation des droits de l’enfant consacrés par la Charte. Le Protocole relatif aux droits des femmes en Afrique oblige en outre les États parties à interdire et à condamner toutes les formes de pratiques néfastes ayant un effet négatif sur les droits des femmes.
Les pratiques néfastes ont un impact significatif sur l’autonomisation économique des filles. L’une d’elles est le mariage précoce, qui menace le droit de l’enfant à la survie et au développement – et par extension le droit à la participation économique. Le mariage et la maternité précoces peuvent fortement réduire les opportunités d’éducation et d’emploi et sont susceptibles d’avoir un impact néfaste à long terme sur leur qualité de vie ainsi que sur celle de leurs enfants de même qu’elles peuvent participer à leur marginalisation de la société. L’actuelle crise économique mondiale menace de ralentir davantage un grand nombre des récents progrès de l’Afrique en ce qui concerne la survie et le bien-être des enfants, en particulier ceux liés aux jeunes filles.
Par conséquent, Plan International et IHRDA recommandent à la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples de faire appel aux États parties à la Charte africaine:
- Pour prendre des mesures actives pour mettre fin à la discrimination et à la violence contre les filles en particulier, et les femmes en général;
- Entreprendre et mettre en œuvre des mesures pour mettre fin aux coutumes, traditions, pratiques religieuses et culturelles nuisibles qui violent les droits de la jeune fille et de la femme en Afrique.
- Plan International et IHRDA:Prient le Rapporteur spécial pour les femmes de travailler en collaboration avec la personne focale du Comité africain d’experts pour définir des stratégies et des lignes directrices pour guider les Etats membres dans le travail sur le thème de la jeune fille.Plan International et IHRDA font appel aux États membres de l’Union africaine qui n’ont pas encore ratifié le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique et la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant :
- Pour investir dans les soins d’enfance et les opportunités de développement pour tous les enfants, en particulier les filles;
- Intensifier leurs efforts pour améliorer la qualité de l’éducation des filles et à faire en sorte que tous les enfants, en particulier les filles, aient accès à une éducation post-primaire de bonne qualité;
- Investir dans des systèmes qui assurent que les filles soient équipés de compétences économiques appropriées et aient accès à l’épargne et àdes possibilités de prêts;
- Investir dans les services de santé sexuelle et de la reproduction pour les jeunes filles, y compris l’accès à l’information adéquate, mais plus important, des structures et des programmes d’autonomisation des filles afin qu’elles puissent jouir pleinement de leur protection et de leur droits à la santé sexuelle.