Yaoundé, le 15 mai 2024 : IHRDA et Finders Group Initiative (FGI) viennent de conclure un dialogue public avec les acteurs clés au Cameroun sur la mise en œuvre de la décision adoptée par le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant ( le CAEDBE) en septembre 2018, déclarant la responsabilité du Cameroun dans l’affaire de violence sexuelle de TFA.
L’événement, qui a rassemblé les représentants des institutions gouvernementales (notamment les ministères de la justice, des affaires sociales, de la femme et de la famille, et le pouvoir judiciaire), la Commission nationale des droits de l’homme, les institutions internationales des droits de l’homme, les organisations de la société civile, les médias et un représentant de la famille du survivant, visait à évaluer le niveau de mise en œuvre de ladite décision, et à renforcer le plaidoyer et élaborer des stratégies pour l’engagement de toutes les parties prenantes en vue de sa pleine mise en œuvre.
Il convient de rappeler que l’affaire concerne le viol de TFA (acronyme de la mineure) par une personnalité éminente à Bamenda en 2012 alors qu’elle était âgée de 10 ans. Suite à l’échec du gouvernement camerounais à l’époque à enquêter efficacement sur la violation et à traduire l’auteur en justice, l’affaire a été portée devant le CAEDBE en 2015 par IHRDA et FGI. En 2018, le CAEDBE a rendu une décision en faveur des plaignants, exhortant le Cameroun à mener une enquête efficace sur la violation et à traduire l’auteur en justice, à verser à TFA une indemnisation de 50 millions de FCFA (environ 90 000 USD) pour les dommages subis, et à mettre en place une série de mesures structurelles visant à prévenir de telles violations.
« Il s’agit de la première affaire de violence sexuelle sur mineur jugée au niveau régional, et nous reconnaissons le fait que le gouvernement du Cameroun a déjà fait preuve de bonne foi dans la mise en œuvre de cette décision. Aujourd’hui, nous félicitons les représentants du Cameroun de s’être engagés dans ce dialogue constructif, car nous souhaitons travailler ensemble pour la mise en œuvre complète de cette décision. IHRDA est convaincue que la feuille de route convenue permettra à TFA d’être dûment indemnisée et que des mesures structurelles seront mises en place pour éviter de telles violations », déclare la responsable du plaidoyer d’IHRDA, Lydia Kembabazi.
Ce dialogue public s’inscrit dans le cadre d’un projet appuyé par Open Society Foundations visant à renforcer la responsabilité en matière de droits de l’homme par le biais de la conformité des États aux décisions des mécanismes africains des droits de l’homme. Il fait suite à un événement similaire que l’IHRDA a organisé avec succès en Sierra Leone en mars 2024.