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Honorable Président et Membres du Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (le Comité),

Excellences,

Honorables délégués d’Etat,

Mesdames et Messieurs,

L’Institut des droits de l’homme et du développement en Afrique (IHRDA) félicite le Comité pour la tenue de sa 43ème session ordinaire à Maseru, au Lesotho.

L’IHRDA est une organisation non gouvernementale panafricaine dont le mandat est de protéger et de promouvoir les droits de l’homme et le développement en Afrique.

A cet égard, l’IHRDA, tout comme ses partenaires membres du Pool d’Avocats et de Défenseurs des Droits de l’Homme du Mali, se réjouit de l’opportunité qui lui est accordée de partager avec vous ses préoccupations sur les problématiques des mutilations génitales féminines (MGF) et du mariage d’enfant qui nuisent au bien-être des filles au Mali, comme dans plusieurs autres pays africains.

Le Mali, comme certains autres pays, n’a aucune loi qui interdit les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants, malgré la signature de plusieurs conventions internationales par l’Etat malien qui interdisent ces pratiques coutumières néfastes qui sont largement acceptées et répandues au Mali. Les filles et femmes sont ainsi laissées sans recours ni protection contre ces violations des droits humains. L’Enquête Nationale Démographique et de Santé du Mali (EDSM, 2018) indique que :

  • •73% des filles de 0-14 ans et 89% des femmes de 15-49 ans sont excisées, malgré que la pratique ait des conséquences graves sur la santé sexuelle et reproductive des futures adolescentes et femmes ;
  • •14,3 % des adolescentes de 15-19 ans étaient mariées ou en unions avant d’atteindre 15 ans exacts.

En avril 2021, IHRDA et ses partenaires ont saisi la Cour de Justice de la CEDEAO aux fins de mettre la pression sur le gouvernement malien pour adopter une loi contre les MGF. Nous tenons à signaler qu’idem a été fait en juillet 2023 concernant la même problématique en Sierra Leone.

En mai 2018, IHRDA et son partenaire malien l’Association pour le Progrès et la Défense de Droits des Femmes Maliennes (APDF) ont obtenu un jugement favorable de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, contre le Mali, reconnaissant les violations des dispositions du Protocole de Maputo par rapport à l’âge du mariage de la jeune fille. Le Code des personnes et de la famille du Mali autorise le mariage de la jeune fille à 16 ans alors que le Protocole de Maputo, ainsi que le Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, fixent cet âge à 18 ans. La Cour a donc ordonné au Mali de réviser ladite loi pour se conformer à ses obligations internationales émanant des instruments juridiques susmentionnés ; de sensibiliser éducation les populations sur les dispositions de ces instruments, et d’assurer leur mise en œuvre. Le gouvernement malien maintient toujours en vigueur ces dispositions.

En outre, avec l’appui d’IHRDA, APDF travaille quotidiennement à la prévention et la protection des filles contre les MGF et les mariages d’enfants, ainsi qu’à l’autonomisation des adolescentes déscolarisées et non scolarisées à travers des formations sur des filières pertinentes. Ces actions ont pour but de contribuer au respect des droits fondamentaux des enfants au Mali. C’est ainsi qu’en 2023, 109 filles de 9-14 ans ont pu etre sauvées des mariages avant 18 ans (46 à Bamako et 63 à Nioro du Sahel), et 32 filles de 0-9 des MGF (3 à Bamako et 29 à Nioro) grâce aux actions combinées des mécanismes communautaires mis en place par l’APDF.

Dans ce contexte, nous réaffirmons solennellement notre engagement envers la promotion et la protection des droits fondamentaux des enfants et plus particulièrement des adolescentes et jeunes filles au Mali, comme dans toute l’Afrique.

Nous exhortons le Comité à poursuivre son dialogue avec les États parties à la Charte et à leur faire comprendre la nécessité de prendre des mesures juridiques et autres pour éradiquer le mariage des enfants, les MGF et autres pratiques préjudiciables à l’égard des filles africaines.

Nous demandons au Comité de recommander au Mali :

  1. 1. De se conformer à ses obligations internationales émanant des instruments juridiques ratifiés par rapport aux mariages d’enfants.
  2. 2. D’adopter des dispositions législatives interdisant la pratique des MGF.