Banjul, le 9 décembre 2021 : IHRDA, Child Rights and Rehabilitation Network – Nigeria et Center for Human Rights – Université de Pretoria, Afrique du Sud, le 8 décembre 2021, ont trainé le Nigeria devant le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (le CAEDBE), alléguant l’échec du Nigéria à protéger les enfants accusés de sorcellerie contre la persécution, la discrimination et les traitements inhumains.
La sorcellerie est répandue à travers le Nigeria, les enfants étant parmi les plus vulnérables. Les enfants pourraient être taxés de sorciers simplement du fait d’être orphelins, d’avoir un handicap ou une maladie physique, d’être surdoués intellectuellement, d’être nés dans des conditions anormales (prématurément ou en position de siège), d’être jumeaux ou d’être atteints d’albinisme. D’autres enfants vulnérables comprennent ceux qui ont les yeux rouges, qui ont un mauvais comportement, ceux qui ont tendance de fixer les gens, ceux qui évitent de regarder les gens droit dans les yeux et les enfants atteints d’autisme. Dans certains cas, les enfants sont considérés comme des sorciers une fois qu’ils sont ainsi déclarés par une autorité religieuse/spirituelle. Une telle perception des enfants est largement signalée dans des États tels que l’Etat d’Abia, d’Akwa Ibom, de Bauchi, de Cross River, de Delta, d’Edo, de Kaduna, de Nassarawa et de Taraba. Bien qu’une telle perception des enfants soit répandue, des statistiques précises sont difficiles à obtenir, car ces pratiques sont souvent menées en secret.
Les enfants considérés comme des sorciers sont généralement soumis à des traitements inhumains, tels que les bastonnades et la torture, perpétrés parfois par des membres de leur famille ; certains sont soumis à la brûlure par du feu ou de l’acide, à la famine, à l’enterrement vivant et à l’ingestion forcée de poison ou de produits chimiques dangereux. Ils sont stigmatisés dans leurs familles et communautés, discriminés, abandonnés, torturés et dans certains cas tués. Il s’agit généralement des enfants vulnérables vivant dans des conditions sociales précaires et déplorables. Souvent, ils ne vont pas pas à l’école ; par contre, ils sont soumis à des emplois risqués et insalubres, comme les travaux domestiques, dans les champs agricoles et dans la rue. Par conséquent, la plupart de ces enfants perdent la possibilité de vivre avec leur famille ou d’acquérir une éducation de base.
Les plaignants allèguent l’échec du Nigéria à protéger les enfants contre les accusations de sorcellerie et les violations qui en résultent, qui constituent une violation du droit des enfants à l’égalité et à la non-discrimination, de leur droit à la vie, à la survie et au développement, de leur droit à l’éducation, des droits de enfants handicapés et de leur droit de ne pas être soumis à la torture ou à des traitements inhumains. Ceux-ci sont des droits inscrits dans la Constitution du Nigéria et dans la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant à laquelle le Nigéria est partie.
Les plaignants demandent au CAEDBE de tenir le Nigéria responsable desdites allégations et d’exhorter le Nigéria à mener des poursuites efficaces pour les accusations de sorcellerie. Ils demandent également au CAEDBE d’exiger que le Nigéria mette en place une série de mesures structurelles pour mettre fin à ce phénomène, telles que l’adoption d’un cadre juridique et politique criminalisant et interdisant la discrimination et la persécution sur la base d’accusations de sorcellerie, l’éducation des enfants victimes d’accusations de sorcellerie, la sensibilisation sur les méfaits du phénomène, ainsi que des mesures d’accompagnement provisoire telles que des foyers d’accueil pour les enfants victimes afin d’assurer leur prise en charge et leur réadaptation.