Banjul, le 3 septembre 2021 : IHRDA, au nom des victimes, a déposé le 2 septembre 2021 deux plaintes contre la République de Sierra Leone devant la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (la Cour de la CEDEAO) concernant la protection des femmes contre les violences basées sur le genre.
Dans la première plainte, la victime, une agricultrice et politicienne, a été agressée et soumise au viol collectif dans son champ en présence de ses enfants et d’autres proches en avril 2018. La victime a signalé l’incident à la police, mais aucune enquête efficace n’a été menée à ce jour. Entretemps, elle reste traumatisée et subit plusieurs complications sanitaires.
Dans la deuxième plainte, la victime a été violée en janvier 2019 par le Chef supérieur de sa communauté. Bien qu’elle ait signalé l’incident et ait passé plusieurs examens médicaux prouvant qu’elle avait été agressée, aucune enquête efficace n’a été menée à ce jour et l’auteur du viol reste impuni. La victime se sent frustrée par son incapacité d’obtenir la justice pour les violences qu’elle a subies, estimant que l’agresseur a échappé à la punition en raison du pouvoir qu’il exerce.
Les poursuites allèguent qu’en raison de l’absence d’enquête et de poursuites efficaces à l’encontre des auteurs, la Sierra Leone a violé les droits des victimes à un recours et à l’accès à la justice, et a également manqué à son obligation de protéger les droits des victimes à la dignité et leur droit à ne pas être soumises à la torture et au traitement cruel, inhumain et dégradant, ainsi qu’à la discrimination. Ces droits et obligations sont inscrits dans plusieurs traités auxquels la Sierra Leone est partie, notamment la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Convention internationale sur les droits civils et politiques.
Les plaignantes demandent à la Cour de la CEDEAO de déclarer la Sierra Leone responsable de ces violations des droits de l’homme ; d’ordonner à la Sierra Leone de payer aux victimes une indemnisation pour les dommages subis, de fournir aux victimes un soutien médical et psychosocial, et de mettre en place plusieurs autres mesures structurelles de lutte contre toute forme de violence sexuelle à l’égard des femmes et de soutien aux victimes.