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Honorable Président et Commissaires de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples,

Excellences,

Honorables délégué(e)s d’Etat,

Mesdames et Messieurs,

Distingué(e)s Participant(e)s,

L’Institut des droits Humains et du développement en Afrique (IHRDA) félicite la Commission pour la tenue de sa 79ème session ordinaire.

L’IHRDA est une organisation non gouvernementale panafricaine dont le mandat est de protéger et de promouvoir les droits de l’homme et le développement en Afrique.

À cet égard, IHRDA, tout comme ses partenaires membres du Pool d’Avocats et de Défenseurs des Droits Humains du Mali, se réjouit de l’opportunité qui lui est accordé de partager avec vous ses préoccupations concernant les mutilations génitales féminines et le mariage précoce, qui portent atteinte au bien-être des femmes et des filles au Mali, ainsi que dans plusieurs autres pays africains.

Le Mali, tout comme certains autres pays Africains, n’a aucune loi criminalisant les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants, malgré la ratification par l’État malien de plusieurs conventions internationales interdisant ces pratiques coutumières néfastes, la discrimination, les violences basées sur le genre, les inégalités économiques et l’accès limité à l’éducation et aux soins de santé. Cela laisse les filles et les femmes sans protection contre ces violations de droits humains. L’Enquête Nationale Démographique de la Santé du Mali (EDSM, 2018) indique les chiffres suivants :

  • 73% des filles de 0-14 ans et 89% des femmes de 15-49 ans sont excisées, malgré que la pratique ait des conséquences graves sur la santé sexuelle et reproductive des futures adolescentes et femmes ;
  • 14,3 % des adolescentes âgées de 15 à 19 ans étaient mariées ou en union avant d’atteindre l’âge de 15 ans.

En avril 2021, IHRDA et ses partenaires ont entrepris un plaidoyer juridique auprès de la Cour de la CEDEAO pour faire pression sur le gouvernement malien afin d’adopter une loi et d’autres mesures visant à lutter contre les mutilations génitales féminines au mali. Nous tenons à signaler qu’une action similaire a été menée par IHRDA en juillet 2023 concernant la même problématique en Sierra Leone.

En mai 2018, IHRDA et son partenaire malien, l’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes Maliennes (APDF), ont obtenu un jugement favorable de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples contre le Mali, reconnaissant les violations des dispositions du Protocole de Maputo en ce qui concerne l’âge du mariage des jeunes filles. En effet, le Code des personnes et de la famille du Mali autorise le mariage des jeunes filles à l’âge de 16 ans, alors que le Protocole de Maputo, ainsi que la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant fixent cet âge à 18 ans. La Cour Africaine a ordonné au Mali de réviser cette loi afin de se conformer à ses obligations internationales découlant des instruments juridiques susmentionnés, de sensibiliser et d’éduquer les populations sur les dispositions de ces instruments, et d’assurer leur mise en œuvre ce qui n’a pas été fait jusqu’à ce jour.

De plus, avec le soutien de IHRDA, l’APDF travaille quotidiennement à la prévention et à la protection des femmes et filles contre les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants, ainsi qu’à l’autonomisation des adolescentes déscolarisées et non scolarisées par le biais de formations dans des filières porteuses. Ces actions visent à contribuer au respect des droits fondamentaux des enfants au Mali. Ainsi, en 2023, grâce aux mécanismes communautaires mis en place par l’APDF, 109 filles âgées de 9 à 14 ans ont pu être sauvées du mariage avant l’âge de 18 ans (46 à Bamako et 63 à Nioro du Sahel), et 32 filles âgées de 0 à 9 ans ont été protégées contre les mutilations génitales féminines (3 à Bamako et 29 à Nioro).

Dans ce contexte, nous réaffirmons solennellement notre engagement envers la promotion et la protection des droits fondamentaux des femmes, des jeunes filles et des enfants au Mali, ainsi que dans toute l’Afrique.

Nous exhortons la Commission à poursuivre son dialogue avec les États parties à la Charte et à leur faire comprendre la nécessité de prendre des mesures juridiques et autres pour éradiquer le mariage des enfants, les mutilations génitales féminines et autres pratiques préjudiciables envers les femmes et les filles africaines.

Nous demandons la Commission de recommander au Mali :

  1. De se conformer à ses obligations internationales découlant des instruments juridiques ratifiés en ce qui concerne les mariages d’enfants, afin de créer un environnement où chaque femme et chaque fille peut s’épanouir pleinement.
  2. D’adopter des dispositions législatives interdisant la pratique des MGF.

Je vous remercie de votre attention.