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Honorable Président et Membres du Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (le Comité),

Excellences,

Honorables délégués des Etats,

Mesdames et Messieurs,

L’Institut des droits de l’homme et du développement en Afrique (IHRDA) félicite le Comité pour la tenue de sa 42ème session ordinaire à Addis Abeba, en Ethiopie.

L’IHRDA est une organisation non gouvernementale panafricaine dont le mandat est de protéger et de promouvoir les droits de l’homme et le développement en Afrique. Conformément à son mandat, IHRDA considère le Comité comme un partenaire clé dans la réalisation de son mandat et réaffirme : i) son engagement à sauvegarder les droits et protections accordés par la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, ainsi que ii) son soutien à la vision d’une Afrique digne des enfants, contenue dans l’Agenda 2040.

A cet égard, nous condamnons fermement la stigmatisation, la persécution et la maltraitance des enfants handicapés et des enfants présentant d’autres vulnérabilités, qui découlent de croyances anachroniques en la sorcellerie. Ces croyances donnent lieu à des pratiques qui bafouent les droits inaliénables et menacent le bien-être de nos enfants africains.

Bien qu’il soit difficile d’obtenir des statistiques précises, nous savons qu’environ 81% des enfants dits « de la rue » sont victimes de ces croyances au Nigeria, où l’IHRDA a documenté des cas d’enfants séparés de leur famille et soumis à des traitements inhumains. Malheureusement, nous avons également documenté des cas similaires dans les zones rurales au nord du Ghana, où les enfants sont excommuniés dans des « camps de sorcières » ; ils y sont contraints de subir des indignités et sont privés de soins de santé et d’éducation, entre autres droits, dans des conditions déplorables.

En outre, IHRDA se joint à ses partenaires au Bénin, au Togo, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire pour condamner fermement les faibles garanties de protection des droits fondamentaux des enfants dans ces pays. Au Bénin, par exemple, d’octobre 2020 à octobre 2023, 95% d’environ 35 700 cas de violence signalés concernent les enfants. Au cours de cette même période, environ 1 300 enfants ont été incarcérés et 103 000 enfants, dont 53 000 filles, étaient sans abri.

Au Togo, des statistiques récentes montrent qu’il y a au moins 6 000 enfants de la rue, dont plus de 3 000 à Lomé. Au Burkina Faso, des rapports datant de 2022 indiquent que les mariages précoces affectent au moins 2,8 millions de filles, compromettant ainsi leur éducation, leur santé et leur développement personnel. En Côte d’Ivoire, selon les données de 2023, la majorité obèse des victimes de violences basées sur le genre sont des enfants, en particulier des filles, qui ont survécu aux actes odieux de viol, d’agression sexuelle, de mutilation génitale féminine et de mariage forcé.

Honorables Membres du Comité, nous espérons que vous conviendrez que rien de ce que nous avons rapporté aujourd’hui ne décrit une Afrique digne des enfants. Ce n’est certainement pas l’Afrique que souhaite IHRDA. C’est pourquoi nous exhortons le Comité à prendre les mesures nécessaires en réponse à ces violations continues des droits de l’homme à l’encontre de nos enfants, notamment :

  1. Mener votre propre mission d’enquête sur les problèmes que nous avons mis en lumière aujourd’hui afin de vous faire une idée de l’ampleur de ces violations ;
  2. Promouvoir le renforcement des politiques et des lois nationales visant à protéger les enfants de la violence et d’autres violations des droits de l’homme ;
  3. Mettre en place des mécanismes de soutien complets pour les enfants victimes de violence dans les pays susmentionnés et dans d’autres pays, y compris des refuges, des mécanismes de signalement, des services de santé spécialisés, un soutien psychosocial et des programmes de réinsertion socio-économique ; et
  4. Sensibiliser le public aux droits de l’enfant et aux pratiques traditionnelles néfastes à l’égard des enfants, et mettre au point des interventions appropriées pour garantir la sécurité et le bien-être des enfants, en particulier des filles.

Je vous remercie de votre attention. IHRDA se réjouit de poursuivre son engagement avec le Comité sur les questions de droits de l’homme et de développement concernant nos enfants africains