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Banjul, le 22 octobre 2020

L’Institut des droits de l’homme et du développement en Afrique (IHRDA) condamne avec fermeté la brutalité policière contre des manifestations pacifiques de jeunes nigérians appelant à la dissolution de la brigade spéciale de lutte contre les vols à main armée (SARS) et à des réformes structurelles de la police.

Depuis deux semaines, des jeunes nigérians manifestent pacifiquement dans des grandes métropoles avec le hashtag #ENDSARS, en vue de demander au gouvernement nigérian de dissoudre la SARS, une unité de la police connue pour de nombreuses violations des droits humains. Les manifestants demandent également au gouvernement de mettre fin aux brutalités policières, de mener des enquêtes sur tous les abus commis par la police, et d’entreprendre des réformes structurelles de la police.

En réponse à cette manifestation, les agents du gouvernement nigérian ont perpétré davantage d’exactions contre les manifestants, notamment des arrestations arbitraires, des actes de torture et même des exécutions extrajudiciaires.

Ces abus ont atteint le pic dans la soirée de mardi le 20 octobre 2020, lorsque des manifestants se sont rassemblés au Lekki Toll Plaza à Lagos pour un sit-in de protestation. Des soldats armés ont tiré sur les manifestants, causant la mort de plusieurs d’entre eux. La fusillade est intervenue après que des agents du gouvernement ont été vus retirer des caméras de sécurité, suivi d’une coupure d’électricité dans les alentours. De plus, les soldats ont barricadé les manifestants, et ont empêché l’aide médicale d’atteindre les manifestants blessés. Ces actions ont été filmées à l’aide des téléphones portables et publiées sur les réseaux sociaux.

Le 21 octobre 2020, les agents de sécurité nigérians ont tué davantage de manifestants non armés dans plusieurs villes nigérianes. Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent un policier de Lagos tirant à balles réelles sur des manifestants fuyant pour sauver leur vie, tandis que d’autres vidéos montrent des policiers tirant à bout portant sur un manifestant non armé déjà capturé.

Ces exactions et meurtres violent de nombreuses dispositions de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et d’autres instruments internationaux des droits de l’homme auxquels la République fédérale du Nigeria est partie, et constituent une violation de plusieurs droits fondamentaux, notamment le droit à la vie, le droit à la liberté d’expression et de presse, la liberté de réunion et d’association, le droit à la dignité et à la liberté de la personne.

Nous appelons donc le Gouvernement nigérian à :

  • Mettre fin à la brutalité policière en cours contre des manifestants pacifiques ;
  • Permettre aux manifestants le libre exercice de leur droit de manifester pacifiquement ;
  • Enquêter sur tous les actes de brutalité policière et poursuivre tous les responsables ; et
  • Entreprendre des réformes du secteur de la sécurité et mettre en place des mesures pour réduire la brutalité policière au Nigeria.