L’Afrique et le reste du monde commémorent la Journée de l’enfant africain (la DAC) aujourd’hui le 16 juin, 2016 sur le thème « Conflit et crise en Afrique : La protection des droits de tous les enfants ». La DAC a été instituée en 1991 par l’Organisation de l’unité africaine (aujourd’hui Union africaine) pour célébrer les réalisations observées à travers l’Afrique dans les politiques, les activités et les programmes qui contribuent au bien-être des enfants. C’est l’occasion d’inspirer les actions visant à relever les défis contemporains auxquels sont confrontés les enfants africains.
Ces dernières années, des progrès importants ont été accomplis dans la promotion des droits des enfants en Afrique. Novembre 2015 a marqué le 25e anniversaire de l’adoption de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (la CADBE), et le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (le CAEDBE) a annoncé « l’Agenda 2040 de l’enfant africain » qui devrait être adopté par le Comité. Le but de cet agenda sera de présenter des objectifs mesurables auxquels les États membres de l’Union africaine pourraient s’engager, et qui vont contribuer à promouvoir et protéger les droits des enfants, conformément à la CADBE. Au cours d’une évaluation de la contribution de la CADBE à la protection des droits des enfants 25 ans après son adoption, des études ont été présentées au Comité africain à sa conférence du 25e anniversaire de la Charte qui ont démontré des développements louables. Les systèmes civiles d’enregistrement des naissances ont été renforcés à travers le continent, permettant aux nouveau-nés de jouir du droit à une identité juridique et à la nationalité ; il y a eu une réduction significative de la transmission mère-enfant du VIH dans plusieurs pays, et le nombre d’enfants non scolarisés a diminué de 5,5 millions entre 2004 et 2014 (Institut de Statistique de l’UNESCO).
Néanmoins, tant de progrès est nécessaire pour surmonter les défis que font face actuellement les enfants dans plusieurs parties du continent. Le conflit armé est l’un des principaux obstacles affectant le développement des enfants en Afrique. Les régions touchées par les conflits, telles qu’au Mali, au Soudan du Sud, en Libye et République démocratique du Congo, posent les menaces directes et indirectes au bien-être des enfants. Les jeunes vies sont interrompues par la violence, suite au recrutement des enfants comme soldats. Le conflit armé est associé à une baisse de l’accès à l’éducation et aux soins de santé, ainsi que les risques accrus de déplacement, les dangers physiques et abus sexuels. Dans certains pays, les tensions et manifestations politiques nuisent à la vie quotidienne des enfants. En réaction aux arrestations, expulsions des écoles et des blessures vécues par les enfants au Burundi au cours de l’année écoulée, Leila Gharagozloo-Pakkala, le Directeur régional de l’UNICEF pour l’Afrique orientale et australe, a exprimé son inquiétude sur le fait que « plus de 300 enfants ont été expulsés et 2 auraient été blessés par des tirs lors des manifestations ».
Outre les conflits armés, l’augmentation du taux de scolarisation doit être davantage sollicité. Bien qu’il y ait eu une réduction des enfants non scolarisés dans la dernière décennie, un rapport de l’UNESCO en 2015 montre que 1 entre 11 enfants est non scolarisé, faisant un total de 59 millions d’enfants en 2013, dont la moitié (qui est d’environ 30 millions d’enfants) vie en Afrique sub-saharienne.
Face à ces préoccupations, IHRDA, en tant qu’acteur clé sur le continent, est engagé à la promotion et la défense des droits et bien-être des enfants en Afrique. Dans cette optique, nous continuerons à :
- Fournir d’appui technique au CAEDBE dans ses efforts inestimables pour assurer le bien-être de tous les enfants en Afrique ;
- Mener des contentieux et plaidoyers stratégiques sur les droits des enfants devants les mécanismes nationaux, sous régionaux et régionaux, comme nous le faisons déjà en faveur des enfants au Kenya, au Malawi et au Cameroun ;
- Renforcer les capacités des acteurs étatiques et non étatiques à travers le continent pour mieux utiliser la Charte africaine des enfants et s’engager avec le Comité.
De plus, nous encourageons les États parties et les OSC à prendre également des mesures en vue de protéger les enfants et de promouvoir leurs droits et libertés. En particulier, nous demandons aux États qui n’ont pas encore ratifié la Charte africaine des enfants de faire des efforts pour la ratifier. Nous prions les États parties de considérer les recommandations et décisions du CAEDBE comme des obligations positives vers lesquelles ils doivent agir, et de prendre des mesures pour harmoniser les lois et politiques nationales avec la Charte.