Le cas Adamu Garba et 20 autres c/ Federal Attorney General of Nigeria et 13 autres, dont le jugement était prévu pour le vendredi 3 Juin 2011 a été ajourné. Le jugement n’a pas eu lieu comme prévu parce que le juge n’est pas venu à la cour. Le dossier est déposé à la Haute Cour fédérale de Kaduna devant le juge Mohammed Shuaibu Lawal. La nouvelle date prévue pour le jugement n’a pas encore été communiquée par la cour.
Adamu Garba et 20 autres Nigérians portent plainte contre le gouvernement du Nigéria ainsi que contre 13 Etats et administrations locales pour la discrimination causée par la division autochtone/allogènes. Plaidant leur droit à être protégés contre la discrimination, les 21 Plaignants demandent au Federal High Court de Kaduna de mettre en œuvre leurs droits constitutionnels. Ils dirigent leur plainte contre le gouvernement fédéral, le Federal Character Commission, les Etats du Plateau, de Kaduna, de Kano et de Katsina, ainsi que les administrations locales de Jos North, de Shendam, de Kaduna South, de Giwa (état de Kaduna), de Fagge (état de Kano), de Kumbotso (état de Kano), de Nassarawa (état de Kano) et de Tarauni (état de Kano).
“Plaidant leur droit à être protégés contre la discrimination, les 21 plaignants demandent au Federal High Court de Kaduna de mettre en œuvre leurs droits constitutionnels.”
Les plaignants contestent leur classification arbitraire en tant qu’ « allogènes » ou « non autochtones » dans les Etats où ils vivent. Cette pratique du gouvernement dénie leurs droits humains fondamentaux garantis par la Constitution nigériane de 1999, ainsi que par les instruments africains et internationaux de droits humains. Ils demandent au Federal High Court d’ordonner l’entière reconnaissance et le respect de leur droits, ainsi que ceux de tous les nigérians victimes de discriminations similaires.
Décès soudain du 2ème plaignant, Hamza Ishaq
Cette comparution devant le Federal High Court a connu une tragédie lorsque le deuxième plaignant dans le dossier, Hamza Goshi Ishaq, s’est effondré et est mort dans sa chambre d’hôtel, peu après être arrivé de Yelwa Shendam (état du Plateau où il résidait) à Kaduna. À l’âge avancé de 78 ans, il était un des plaignants les plus âgés. Bien que de santé fragile, il avait insisté sur le fait de voyager de Yelwa Shendam (Etat du Plateau) à Kaduna pour assister au jugement.
À 78 ans, Hamza Goshi Ishaq connaissait bien l’histoire du peuple Jarawa et les tensions intercommunautaires qui existent entre les communautés Jarawa et Goemai dans l’État du Plateau. Il partageait la richesse de ses connaissances ouvertement et chaleureusement. Tailleur et agriculteur, il était le secrétaire du Conseil des chefs traditionnels de Yelwa-Shendam.
IHRDA et nos collègues conseillers juridiques dans l’affaire Adamu Garba, Festus Okoye et Muhammad Lawal Ishaq, exprimons encore une fois, nos plus sincères condoléances à la famille de Hamza Goshi Ishaq.
Contexte
Le principe de caractère fédéral est inscrit dans l’art 147 (3) de la Constitution de 1999 du Nigéria. Dans un cadre multiethnique comme le Nigéria, ce principe, malgré ses bonnes intentions, a été inutilement élargi et déformé, permettant la politisation de la question de savoir qui est autochtone d’un Etat ou d’une zone de gouvernement local au Nigéria. En outre, les classifications de «autochtonie» ainsi que l’émission de «certificats d’autochtone» ont donné lieu à un accès préférentiel et parfois exclusif aux droits et services dus à tous les citoyens. Ce qui fait que les Nigérians classés comme «non-indigènes» ou «allogènes» sont marginalisés et exclus, de manière contraire aux objectifs de préservation de l’identité culturelle et d’autonomie envisagés par le principe de caractère fédéral.
Le traitement discriminatoire infligé aux «non- autochtones» a des racines historiques et sociopolitiques profondes, et est probablement le sujet le plus sensible dans la vie publique du Nigéria. Il a contribué à un cycle de violence dans certains Etats et constitue une préoccupation nationale sérieuse pour le Nigéria. En tant que tel, s’il n’est pas résolu, il peut menacer le tissu social du Nigéria.
Les «non-autochtones» sont victimes de discriminations et sont privés de leurs droits, possibilités et avantages, y compris:
- possibilités d’éducation et avantages;
- possibilités d’emploi et avantages;
- accès à la fonction publique et militaire;
- propriété et répartition;
- infrastructure et services publics tels que les routes, l’eau et les écoles, et
- participation politique et opportunités.
Le traitement discriminatoire que rencontrent les «non-autochtones» va a l’encontre de l’idée d’intégration qui devrait aider à façonner la société et à renforcer la croyance en un «Nigeria uni».