Déclaration d’IHRDA à l’occasion de son anniversaire – Dix ans la défense des droits humains en Afrique
11 février 1998 – 11 février 2008
L’Institute for Human Rights and Development in Africa (IHRDA) existe juridiquement depuis le 11 février 1998 en Gambie, il y a dix ans de cela. L’IHRDA avait pour mission de renforcer l’accessibilité et l’efficacité de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, alors seul organe du système africain des droits humains, tout en faisant montre de transparence et de bonne gestion.
Dix années sont une période importante dans la vie d’une organisation. Au cours de cette décennie, l’IHRDA a formé des centaines de défenseurs des droits humains, introduit ou assisté des douzaines de cas devant la Commission africaine. Des juristes compétents ont travaillé avec l’IHRDA dans les procédures judiciaires et projets de plaidoyer pour le respect et la promotion des droits humains. Avec le soutien de ses partenaires et de sympathisants, l’IHRDA s’est fait une réputation de promoteur et de défenseur panafricain des droits humains, issu de l’Afrique. Les fondateurs de l’IHRDA ont été remplacés par une nouvelle direction qui, assistée par le personnel, est engagé dans l’approfondissement de la vision et de la mission de l’organisation.
Au niveau des institutions continentales, beaucoup de changements et de développements sont intervenus au cours de cette décennie. Premièrement, l’Organisation de l’unité africaine (OUA) a changé son nom, sa structure et ses perspectives pour devenir Union africaine (UA). Dans le domaine spécifique des droits humains, il a été créé deux institutions régionales tout à fait nouvelles : le Comité des experts africains sur les droits et le bien-être de l’enfant et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Outre les protocoles relatifs à la Charte africaine portant création de ces deux organes, l’Union africaine a adopté le Protocole relatif aux droits de la femme en Afrique.
Cependant, en dépit de ces réalisations, la situation des droits humains en Afrique a stagné dans certains domaines. D’une part, la création de nouvelles institutions ainsi que la sensibilisation accrue des acteurs de la société civile ont renforcé le système africain des droits humains ; plusieurs pays africains ont créé des institutions nationales des droits de l’homme (INDH) avec des degrés variés d’adhésion aux Principes de Paris qui encouragent l’indépendance de ces organisations. D’autre part, les mécanismes régionaux africains continuent de lutter sans ressources, sans organisation et avec l’ingérence politique, ce qui sape leur efficacité.
Certaines des crises des droits humains les plus graves en Afrique aujourd’hui n’ont pas été suffisamment prises en charge pendant cette période de dix ans. La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et les instruments internationaux créés par la suite placent les droits économiques, sociaux et culturels sur un même pied d’égalité que les droits civils et politiques. Toutefois, si l’on examine la jurisprudence et le travail de la Commission africaine et des organisations non gouvernementales de défense des droits de l’homme à travers le continent, l’on se rend compte que l’accent est mis davantage sur les droits civils et politiques. Jusqu’à présent, des millions d’Africains n’ont pas accès à l’eau, à l’alimentation, à la santé, à un logement adéquat, à un emploi décent rémunéré et à un environnement sûr. Malheureusement, les droits économiques, sociaux et culturels continuent d’être considérés comme des droits de niveau inférieur. Ayant reconnu que l’indivisibilité des droits humains est essentielle à l’harmonie et au développement des sociétés, l’IHRDA oeuvre, dans la cadre de son plan stratégique actuel, à intégrer les droits socioéconomiques et à promouvoir la formation et la procédure judiciaire pour leur protection.
Dressant l’inventaire, avec l’IHRDA qui célèbre son 10ème anniversaire, nous lançons le message suivant : toutes les institutions des droits de l’homme ainsi que les ONG en Afrique ont encore beaucoup à faire. Tout en acceptant le fait que, quelle que soit la réussite d’une ou de plusieurs organisations, seul le travail collectif peut apporter le véritable respect universel des droits humains. L’IHRDA, se basant sur son passé solide, réaffirme son engagement à poursuivre son travail de défense des droits humains sur le continent. Il continuera à relever les défis, à court comme à long terme, afin de réaliser d’importants progrès en vue de garantir la justice et le respect des droits humains.
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